Ce matin, Jésus est acclamé en entrant à Jérusalem. Mais Il sait que l’enthousiasme de la foule est trompeur. Il sait que c’est plutôt avec la trahison, la violence, la souffrance, l’injustice et la mort qu’Il a rendez-vous dans les jours qui viennent. Tout cela, Il le sait.
Mais au fond de lui-même, dans son cœur d’homme où se mêlent, comme en les nôtres, tous les sentiments qu’une telle situation peut susciter – la peur, la tristesse, la déception, l’angoisse- dans son cœur, Jésus croit en son Père, Il Lui fait confiance, Il lui confie son espérance, Il s’abandonne à Lui. Et le Père sait que son Fils est passé en faisant le bien, même s’Il a pris le risque, en son Nom, d’apparaître plus attentif aux pauvres qu’aux riches, aux malades qu’aux bien-portants, à ceux qui se savent pécheurs qu’à ceux qui se prétendent justes. À travers le cœur humain de Jésus, c’est le cœur de Dieu qui a voulu montrer au monde son amour et sa miséricorde.
Nous aussi, ce matin, nous redisons au Père notre confiance. Les rameaux que j’ai bénis tout à l’heure en seront toute l’année le signe discret mais réel, invitant Dieu à venir faire sa demeure en chacune de nos maisons.

Avoir un rameau chez soi, c’est s’engager à essayer de vivre comme le Christ a vécu. C’est décider d’avoir une maison ouverte aux autres, spécialement aux plus pauvres. Un rameau n’est pas un gadget ni un talisman, c’est le signe d’une présence de Dieu et c’est le rappel de l’engagement que nous prenons d’essayer de mettre en pratique sa Parole, de vivre son Évangile.
Tournons-nous vers le Seigneur pour qu’Il nous consacre à son service et à celui de nos frères et sœurs, spécialement en cette période difficile que nous traversons actuellement. Confions-Lui nos soucis et nos fardeaux. Confions-Lui les angoisses de notre monde éprouvé : l’angoisse des malades isolés et celle des familles endeuillées, l’angoisse des soignants épuisés et celle des prisonniers sans visite, l’angoisse des parents démunis, des étudiants appauvris et des enfants désœuvrés, l’angoisse des gens de la rue qui cherchent de quoi se nourrir et celle des migrants qui n’osent pas se montrer parce que leurs papiers ne sont pas en règle, l’angoisse de tous ceux qui ont faim et soif d’être considérés avec dignité et d’être aidés.
Que Dieu nous protège et nous bénisse. Qu’Il nous pardonne les fautes que nous avons commises envers nos frères et sœurs, qu’Il nous fasse mieux comprendre et corriger toutes nos compromissions avec le mal qui ronge nos sociétés de profit et d’égoïsme et qui ne respecte pas la Création. Qu’Il nous aide à changer de vie, à nous convertir à la joie de l’Évangile, sobre et fraternelle. Qu’Il ravive en nous la foi, l’espérance et la charité. « Tout ce que vous ferez au plus petit d’entre mes frères et sœurs, c’est à Moi que vous le ferez », avait dit le Seigneur (Mt 25,40). Que Sa miséricorde nous consacre dans la vérité et dans la charité.
Bonne Semaine Sainte, à toutes et tous, dans l’intime bonté du Cœur de Dieu !
Abbé Gérard MARTIN.